Jacques NESTLÉ est né à Sarrebruck en 1907 d’un père artisan verrier d’origine napolitaine et d’une mère sarroise.
En 1923, à l’âge de seize ans, il quitte la Sarre pour Paris et travaille dans une imprimerie lithographique où il rencontre des artistes dont Matisse qui voit ses dessins, l’encourage et le conseille.
En 1925, il s’installe à Berlin pour huit ans. Du post-cubisme à l’abstraction géométrique, ces années de formation et de travail dans l’effervescence artistique du Berlin du Bauhaus et des avant-gardes marqueront son œuvre. Il expose alors à la Berliner Secession où ses tableaux sont remarqués. Militant anti-nazi, en 1933 il quitte précipitamment l’Allemagne pour la France, emportant seulement quelques toiles roulées, monotypes et gravures sur bois, seuls témoignages de cette époque. De retour à Paris, pour vivre il exerce d’abord toutes sortes de métiers puis devient chef décorateur et architecte d’intérieur.
Pourtant si peindre reste sa raison d’être, il n’expose pas, refusant même de donner suite à l’intérêt que Kahnweiler porte à son œuvre, scellant ainsi son destin de peintre méconnu. La période de l’après-guerre marque un retour à l’abstraction géométrique. Au début des années 50, son art cultivant l’ambiguïté entre figuration et abstraction évolue vers une forme très personnelle de l’abstraction lyrique. Il élabore alors son propre vocabulaire : espaces structurés, abstractions des formes, lumière des fonds blancs, collages. En pleine maîtrise de son art, il utilise la fluidité de la gouache et de l’encre pour s’exprimer dans des compositions sur papier de grands formats. – on a fait le tour des expressions et on arrive à l’épure, la simplicité du trait…je suis moi-même revenu au « dépouillé » apès maintes expériences par ailleurs indispensables – concluait alors Jacques NESTLÉ pour définir cette dernière période, véritable aboutissement de son œuvre.